L’arthrose lombaire touche des millions de personnes et transforme parfois les gestes du quotidien en véritables défis. Cette usure progressive du cartilage dans le bas du dos génère douleurs, raideurs et limitations de mouvement qui peuvent devenir invalidantes. Si l’activité physique reste essentielle pour maintenir une bonne qualité de vie avec cette pathologie, tous les exercices ne se valent pas. Certains mouvements, loin de soulager, risquent d’aggraver votre état et d’accélérer la dégénérescence articulaire. Voici les exercices à proscrire et leurs alternatives pour préserver vos lombaires tout en restant actif.

Comprendre l’arthrose lombaire pour mieux la gérer

Qu’est-ce que l’arthrose lombaire exactement ?

L’arthrose[1] lombaire correspond à l’usure progressive du cartilage qui protège les vertèbres de la région basse du dos. Cette dégradation entraîne des frottements entre les os, provoquant inflammation, douleurs et formation d’excroissances osseuses appelées ostéophytes. Les symptômes caractéristiques incluent des douleurs localisées dans le bas du dos, une raideur matinale, une diminution de l’amplitude des mouvements et parfois des irradiations douloureuses dans les jambes.

Plusieurs facteurs favorisent son apparition : l’âge (la prévalence augmente significativement après 50 ans), le surpoids qui accroît la pression sur les articulations, la sédentarité qui affaiblit la musculature de soutien, les antécédents de traumatismes lombaires et les mauvaises postures maintenues pendant de longues périodes.

femme senior ayant des douleurs lombaires

Pourquoi certains exercices sont particulièrement nocifs ?

Tous les mouvements ne sont pas égaux face à l’arthrose lombaire. Certains exercices exercent une pression excessive sur les disques intervertébraux déjà fragilisés, provoquant des microtraumatismes répétés. Cette contrainte mécanique accrue peut accélérer la dégénérescence du cartilage, aggraver l’inflammation et intensifier les douleurs.

Les conséquences à court terme incluent des poussées douloureuses aiguës, tandis qu’à long terme, ces exercices inadaptés risquent d’accélérer la progression de l’arthrose et de réduire davantage la mobilité. Dans les cas les plus sévères, ils peuvent même provoquer des lésions comme des hernies discales.

LIRE AUSSI : 10 situations à risque de développer une arthrose dégénérative

Les 7 exercices à bannir absolument en cas d’arthrose lombaire

1. Les exercices cardio à fort impact

La course à pied, la corde à sauter et les jumping jacks soumettent votre colonne vertébrale à des impacts répétés. Chaque fois que vos pieds touchent le sol, l’onde de choc se propage jusqu’à vos vertèbres lombaires. Ces microtraumatismes répétés accélèrent l’usure des disques intervertébraux et peuvent déclencher des spasmes musculaires douloureux. Pour les personnes souffrant d’arthrose lombaire, ces activités représentent un risque majeur d’aggravation des symptômes.

2. Les flexions répétées du tronc

Les sit-ups, crunchs et relevés de buste traditionnels figurent parmi les exercices les plus délétères pour les lombaires arthrosiques. Ces mouvements exercent une pression considérable sur les disques intervertébraux et sollicitent excessivement la région lombaire. La répétition de ces flexions augmente significativement le risque de hernie discale et peut exacerber les douleurs existantes. Même réalisés avec une technique parfaite, ces exercices restent contre-indiqués en cas d’arthrose lombaire.

3. La musculation avec charges lourdes

Le soulevé de terre (deadlift), les squats profonds et la presse à jambes avec des charges importantes imposent un stress considérable sur la colonne vertébrale. Ces exercices, particulièrement lorsqu’ils sont mal exécutés, concentrent une pression excessive sur les vertèbres lombaires. La compression résultante peut aggraver l’inflammation articulaire et provoquer des blessures graves. Le risque est d’autant plus élevé que la charge utilisée est importante.

4. Les rotations et torsions du tronc

Les twists russes et les mouvements de rotation rapide du buste, fréquents dans les sports de raquette, imposent des contraintes de cisaillement aux disques intervertébraux. Ces forces rotationnelles peuvent perturber l’alignement vertébral et aggraver l’usure des facettes articulaires déjà compromises par l’arthrose. Les microtraumatismes générés par ces torsions répétées accélèrent la dégradation du cartilage et intensifient l’inflammation locale.

5. Les extensions arrière forcées

Les exercices comme le « Superman » ou certaines postures de yoga comme le cobra, qui impliquent une hyperextension du dos, exercent une compression excessive sur les facettes articulaires postérieures des vertèbres. Cette pression concentrée sur des zones déjà fragilisées par l’arthrose peut déclencher des douleurs aiguës et aggraver l’inflammation articulaire. L’extension excessive du dos sollicite précisément les structures les plus touchées par l’arthrose lombaire.

posture du cobra déconseillée en cas d'arthrose lombaire

6. Les exercices de jambes avec charge excessive

Les fentes profondes avec haltères et la presse à jambes lourde transmettent une charge importante à la colonne vertébrale. Même si ces exercices ciblent principalement les membres inférieurs, la force se propage jusqu’aux lombaires, augmentant la compression des disques intervertébraux. Cette surcharge mécanique peut accélérer l’usure du cartilage et intensifier les symptômes de l’arthrose lombaire, particulièrement chez les personnes présentant une atteinte avancée.

7. Les sports à impacts, torsions ou contacts

Le VTT sur terrain accidenté, le football, le rugby, les sports de combat ou le tennis sollicitent intensément la colonne vertébrale. Ces activités combinent plusieurs facteurs aggravants : impacts répétés, mouvements brusques, torsions et parfois contacts directs. Cette combinaison soumet les vertèbres lombaires à des contraintes mécaniques complexes et imprévisibles, particulièrement préjudiciables pour des articulations déjà fragilisées par l’arthrose.

Les alternatives sûres pour rester actif malgré l’arthrose lombaire

Des exercices de gainage doux pour stabiliser le tronc

Le renforcement adapté de la sangle abdominale offre un soutien précieux aux vertèbres lombaires. Privilégiez le gainage ventral de McGill (avec un coussin sous le bassin), le gainage latéral modifié et l’extension croisée à quatre pattes. Ces exercices renforcent les muscles profonds qui stabilisent la colonne vertébrale sans exercer de pression excessive sur les articulations. Une musculature abdominale tonique constitue un véritable corset naturel qui soulage les contraintes imposées aux vertèbres lombaires.

Étirements doux et mobilité contrôlée

Les étirements adaptés améliorent la souplesse sans compromettre la santé articulaire. La posture du chat-vache réalisée en douceur, l’étirement des ischio-jambiers avec une serviette (en position allongée) et la mobilisation pelvienne contrôlée favorisent la circulation des fluides articulaires tout en préservant les structures sensibles. Ces mouvements doux contribuent à réduire la raideur matinale et à maintenir une amplitude de mouvement fonctionnelle.

LIRE AUSSI : Arthrose de la hanche : voici 8 exercices efficaces pour soulager la douleur et retrouver la mobilité

Activités à faible impact pour préserver la condition physique

Plusieurs activités permettent de maintenir une bonne condition cardiovasculaire sans traumatiser les lombaires. La marche sur terrain plat, idéalement avec des chaussures adaptées, constitue l’exercice de base par excellence. La natation et l’aquagym tirent parti de la portance de l’eau pour soulager les articulations. Le vélo d’appartement avec un guidon relevé et l’elliptique préservent le système cardiovasculaire sans impact. Le yoga adapté, le Pilates thérapeutique et le Tai Chi améliorent la coordination et la proprioception tout en respectant les limites articulaires.

Conseils pratiques pour préserver vos lombaires au quotidien

Adapter son mode de vie pour soulager les articulations

Le maintien d’un poids santé représente l’une des mesures les plus efficaces pour soulager les lombaires. Chaque kilo en moins réduit significativement la pression exercée sur les vertèbres. L’adoption d’une posture correcte au travail et dans les activités quotidiennes prévient les contraintes mécaniques excessives. Évitez la sédentarité prolongée en vous levant régulièrement si votre travail est sédentaire, mais limitez les mouvements répétitifs qui sollicitent toujours les mêmes structures.

Adapter l’activité physique en fonction de la douleur

La douleur constitue un signal d’alerte précieux qu’il convient de respecter. Arrêtez immédiatement tout exercice qui déclenche ou intensifie une douleur lombaire. Intégrez des pauses régulières dans vos séances d’activité physique pour permettre aux tissus de récupérer. Privilégiez la régularité à l’intensité : des séances courtes et fréquentes sont préférables à des efforts intenses et sporadiques. La progressivité reste essentielle : augmentez graduellement la durée et l’intensité des exercices pour permettre à votre corps de s’adapter.

Soutiens complémentaires pour optimiser le confort

Une alimentation riche en aliments anti-inflammatoires naturels (poissons gras, fruits et légumes colorés, épices comme le curcuma) peut contribuer à réduire l’inflammation articulaire. L’utilisation de coussins orthopédiques, particulièrement pour la position assise prolongée et le sommeil, aide à maintenir un alignement optimal de la colonne vertébrale. Les massages doux, l’application alternée de chaud (pour détendre les muscles) et de froid (pour réduire l’inflammation) offrent un soulagement complémentaire.

Quand et pourquoi consulter un professionnel de santé ?

Certains signes doivent vous alerter et vous inciter à consulter rapidement : des douleurs persistantes malgré le repos, une aggravation progressive des symptômes, une perte de mobilité significative, des douleurs irradiant dans les jambes ou des troubles sensitifs. Ces manifestations peuvent signaler une complication nécessitant une prise en charge spécifique.

Un professionnel de santé établira un diagnostic précis de votre arthrose lombaire, évaluera son stade d’évolution et vous proposera un programme d’exercices véritablement personnalisé. Il pourra vous orienter vers des traitements complémentaires adaptés : kinésithérapie[2] spécifique, manipulations chiropratiques ou ostéopathiques, programmes de rééducation fonctionnelle ou, si nécessaire, traitements médicamenteux ciblés.

Questions fréquentes sur l’arthrose lombaire et l’activité physique

Peut-on faire du sport avec une arthrose lombaire ?

Oui, non seulement c’est possible, mais c’est recommandé. L’activité physique adaptée prévient l’ankylose, renforce les muscles stabilisateurs et améliore la circulation des fluides articulaires. La clé réside dans le choix d’activités appropriées et leur adaptation à votre condition spécifique.

Quels sports sont les plus sûrs en cas d’arthrose lombaire ?

La natation (particulièrement le dos crawlé), la marche nordique, le vélo d’appartement bien réglé et les programmes d’exercices spécifiquement conçus pour les pathologies lombaires (comme la méthode McKenzie ou les exercices de McGill) figurent parmi les options les plus sécuritaires.

Comment savoir si un exercice est adapté à ma condition ?

Un exercice adapté ne provoque pas de douleur pendant son exécution ni dans les 24-48 heures qui suivent. Il permet une progression graduelle en termes de durée et d’intensité. En cas de doute, consultez un kinésithérapeute[3] ou un médecin du sport qui pourra évaluer la pertinence de l’exercice en fonction de votre cas particulier.

Que faire en cas de crise douloureuse aiguë ?

Interrompez toute activité physique intense, appliquez du froid pendant 15-20 minutes plusieurs fois par jour, adoptez une position de repos qui soulage (souvent allongé avec les jambes légèrement surélevées) et consultez rapidement un professionnel de santé si la douleur persiste au-delà de quelques jours ou s’accompagne de symptômes neurologiques.

Tableau récapitulatif : les exercices à éviter et leurs alternatives

Exercice à éviterAlternative recommandée
Course à pied, jumping jacksMarche, natation, vélo elliptique
Sit-ups, crunchs traditionnelsGainage ventral modifié, curl-up de McGill
Soulevé de terre, squats lourdsMini-squats sans charge, pont fessier
Twists russes, rotations du troncGainage latéral, rotations contrôlées du bassin
Superman, cobra de yogaExtension à quatre pattes, étirement du chat
Fentes profondes avec poidsMini-fentes sans charge, step-ups bas
Sports à impacts (VTT, football)Tai Chi, yoga thérapeutique, aquagym

L’arthrose lombaire ne doit pas signifier la fin de votre vie active. En évitant les exercices à risque et en privilégiant les activités adaptées, vous pouvez maintenir une bonne qualité de vie et même améliorer votre condition. L’approche idéale combine prudence, régularité et personnalisation. N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé pour bénéficier d’un programme d’exercices véritablement adapté à votre situation particulière et préserver ainsi votre capital articulaire sur le long terme.

Sources :

Société Française de Rhumatologie (https://rhumatologie.asso.fr)

Inserm : dossier arthrose

Haute Autorité de Santé : recommandations sur la lombalgie

OARSI : Osteoarthritis Research Society International

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1 Commentaire

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  1. Idrissou Mouafondoun

    J’ai beaucoup apprécié cet article sur les douleurs lombaires.Il m’a surtout permis de mettre envrelief les exercices à éviter et ceux recommandés…c’est une véritable orientation, bref un guide qui sort le malade des ténèbres vers la lumière. MERCI

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