Qu'est-ce que la cuisine-thérapie en EHPAD ?
La cuisine-thérapie en EHPAD[1] est bien plus qu'une activité pour personnes âgées.
Un atelier culinaire pas comme les autres
La cuisine-thérapie est une méthode thérapeutique qui utilise la préparation et la manipulation d’ingrédients pour stimuler les sens, la mémoire et le bien-être psychologique. En EHPAD[1], renouer avec ces gestes familiers comme cuisiner ou partager un repas – souvent abandonnés après l'entrée en institution – améliore le confort de vie des résidents.
Fondée par Emmanuelle Torquet, la cuisine-thérapie se distingue des ateliers culinaires traditionnels en EHPAD[1] par son approche unique et libératrice : pas de recettes imposées, pas de règles strictes, et surtout, une liberté totale pour chaque participant de laisser libre cours à son imagination.
Dans ce contexte, la cuisine n'est plus seulement une tâche quotidienne, mais un moment de thérapie, d'échange et de convivialité. Cette approche améliore non seulement l’appétit et l’équilibre alimentaire, mais ravive aussi les bons souvenirs liés aux repas familiaux.
Une méthode de rééducation sensorielle
La cuisine-thérapie trouve ses racines dans plusieurs approches :
- La thérapie occupationnelle qui utilise les activités de la vie quotidienne pour améliorer la santé mentale et physique des patients.
- Les pratiques anciennes, où la préparation des repas était un moment de partage et de transmission entre générations.
- Les méthodes de rééducation sensorielle utilisées auprès des personnes souffrant de troubles cognitifs.
Appliquée dans les EHPAD[1], cette démarche s'inscrit en complément des soins non médicamenteux pour améliorer le bien-être des résidents.
Les bienfaits de la cuisine-thérapie pour les seniors en EHPAD
La cuisine-thérapie va bien au-delà de la simple préparation d’un repas. Comme tout art thérapie pour lutter contre la maladie d'Alzheimer et d'autres troubles neurodégénératifs, les participants touchent, associent et mélangent les ingrédients pour explorer leur créativité, tout en prenant conscience de leurs sensations et de leur relation avec la nourriture.
- Stimulation sensorielle et cognitive : la préparation des repas sollicite les cinq sens. On pense d’abord au goût, mis à contribution tout au long de la préparation, mais aussi aux odeurs, aux couleurs, aux textures, aux formes… Redécouvrir ces sensations facilite l'appréciation des saveurs à la dégustation du plat et stimule les capacités cognitives des résidents, en particulier ceux souffrant de maladies neurodégénératives.
- Rappel des souvenirs : manipuler des ingrédients, sentir des odeurs familières ou encore goûter des plats traditionnels peut réveiller des souvenirs profondément ancrés. Cette remémoration permet aux résidents de retrouver une part de leur histoire personnelle, tout en renforçant leur identité.
- Lutter contre la dénutrition[2] : en créant un environnement stimulant et convivial, la cuisine-thérapie revalorise l’acte de manger en EHPAD[1] et réduit le risque de dénutrition, un problème touchant près de 270 000 personnes âgées en institution en France.
- Maintien de l'autonomie : en participant activement à la préparation des repas, les résidents conservent des gestes qu'ils ont pratiqués tout au long de leur vie et mettent à contribution leur concentration et l’organisation pour manier les ustensiles, calculer les proportions, gérer les temps de cuisson… Cette implication contribue à maintenir leur autonomie et à préserver leur estime de soi.
- Création de liens sociaux : partager un repas préparé ensemble renforce la convivialité et favorise les échanges entre résidents et avec le personnel. Ces moments de partage aident à lutter contre la solitude souvent ressentie en EHPAD[1].
- Se reconnecter à soi : toucher les ingrédients, les associer selon ses envies, éveiller ses sens, avoir confiance en ce que l’on crée… Des manières simples et amusantes d’explorer sa personnalité, de réfléchir à ses sensations, à ses pratiques culinaires, à ses capacités d’adaptation. Une alternative à la verbalisation qui incite à se mettre à l’écoute de ses propres besoins, à s’interroger et à mieux cerner sa relation avec les autres. Certains quitteront ainsi la séance plus confiants, d’autres auront pris conscience de leur façon de réagir, auront exprimé des émotions refoulées, etc.
Comment s’organise la cuisine thérapeutique en EHPAD ?
Animer un atelier de cuisine thérapeutique en EHPAD[1] suit une organisation bien pensée pour maximiser ses bénéfices.
Une démarche participative
Pour garantir un accompagnement personnalisé, les séances de cuisine-thérapie en EHPAD[1] sont généralement organisées en petit groupe, avec un maximum de huit participants.
Le déroulement, simple mais flexible, intègre les résidents à toutes les étapes : choix des recettes, préparation des ingrédients, cuisson et dégustation. Chacun peut choisir les tâches qu’il souhaite accomplir en fonction de ses capacités et de ses envies. Cette approche créative valorise leurs savoir-faire et leurs préférences, recréant un lien affectif avec les repas.
À la fin de chaque atelier, après la dégustation, un compte-rendu est établi pour suivre l’évolution des résidents et adapter les ateliers en conséquence.
La mise en place de la cuisine
En l'exemple de « À table les souvenirs », les EHPAD[1] qui mettent en place la cuisine-thérapie investissent souvent dans du matériel adapté, comme une cuisine mobile. Cet équipement permet d’organiser des ateliers culinaires dans les différents espaces de l’établissement, ce qui facilite l’accès à tous les résidents, même ceux ayant des difficultés à se déplacer.
Le déroulement de l’atelier n’est pas programmé en détail, il s’agit avant tout d’accompagner chacun dans son cheminement sous la surveillance des professionnels présents : animateurs, médecins, psychomotriciens, diététiciens et personnels soignants proches des seniors.
La cuisine thérapie en EHPAD[1] illustre parfaitement comment transformer l’expérience en institution en redonnant du sens et du plaisir aux résidents. D'ailleurs, les membres du jury ayant récompensé la résidence Quiétude pour cette initiative ont particulièrement apprécié la triple dimension du projet :
- favoriser l'autonomie et le maintien des gestes culinaires,
- améliorer l'équilibre alimentaire des goûters servis en EHPAD[1],
- créer des moments de convivialité autour du plaisir de manger.
Cette approche s'impose ainsi comme une nouvelle recette pour préserver la dignité, renforcer l'estime de soi et améliorer le bien-être des participants. Les EHPAD[1] ont donc tout à gagner en intégrant la cuisine thérapie dans leurs activités.
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[1] EHPAD
Les EHPAD sont des établissements médicalisés qui accueillent des personnes âgées qui ont besoin de soins médicaux réguliers et d’une aide dans leur vie quotidienne.
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[2] Dénutrition
La dénutrition est un manque de nutriments dans leur alimentation, ce qui peut entraîner une perte de poids, une faiblesse physique et des problèmes de santé chez la personne âgée.
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[3] Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie qui affecte le cerveau, entraînant des pertes de mémoire et des difficultés à penser clairement, rendant progressivement les tâches quotidiennes plus difficiles.
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