La fracture du fémur représente une urgence médicale particulièrement fréquente en France, touchant chaque année des milliers de personnes. Cette blessure grave nécessite une prise en charge immédiate et un parcours de soins bien défini. Le temps passé à l’hôpital varie considérablement selon les patients et influence directement les chances de récupération. Pour les familles comme pour les patients, connaître cette durée permet de mieux organiser le retour à domicile et d’anticiper les besoins en rééducation.

Les différents types de fractures du fémur et leurs spécificités

Le fémur, os le plus long et le plus solide du corps humain, peut se briser de différentes façons, chacune nécessitant une approche thérapeutique spécifique.

Classification des fractures fémorales

On distingue principalement trois types de fractures du fémur :

  • La fracture du col fémoral (ou cervicale) : située entre la tête et le grand trochanter, elle touche majoritairement les personnes âgées
  • La fracture trochantérienne : localisée au niveau des proéminences osseuses du fémur, elle concerne une population plutôt âgée
  • La fracture diaphysaire : touchant le corps du fémur, elle survient généralement suite à un traumatisme violent et affecte davantage les jeunes adultes

La localisation de la fracture détermine non seulement le type d’intervention chirurgicale mais influence directement la durée d’hospitalisation.

Populations à risque et facteurs prédisposants

Certaines personnes présentent un risque accru de subir une fracture du fémur :

  • Les femmes (plus touchées que les hommes en raison de l’ostéoporose[1] post-ménopause)
  • Les personnes de plus de 75 ans (fragilité osseuse, troubles de l’équilibre)
  • Les personnes souffrant de maladies chroniques affectant la densité osseuse
  • Les individus présentant des troubles de la marche ou de l’équilibre
femme senior ayant des troubles de la marche

Les chutes représentent la cause principale des fractures fémorales chez les seniors, tandis que chez les plus jeunes, ces fractures résultent généralement d’accidents de la route ou de traumatismes sportifs.

Diagnostic et options thérapeutiques

Établir un diagnostic précis

Dès l’arrivée aux urgences, plusieurs examens sont réalisés pour confirmer la fracture et évaluer sa gravité :

  • Radiographie standard : examen de première intention pour visualiser la fracture
  • Bilan sanguin complet : évaluation de l’état général et préparation à l’intervention
  • Évaluation gériatrique pour les patients âgés : autonomie préalable, comorbidités, état cognitif

Cette phase diagnostique influence directement la stratégie thérapeutique et, par conséquent, la durée d’hospitalisation.

Interventions chirurgicales et alternatives

Dans la grande majorité des cas, le traitement d’une fracture du fémur est chirurgical. Deux principales options existent :

  • L’ostéosynthèse : fixation des fragments osseux à l’aide de vis, plaques ou clous médullaires
  • La prothèse de hanche (totale ou partielle) : remplacement de l’articulation, particulièrement indiquée pour les fractures du col fémoral chez les personnes âgées

Plus rarement, un traitement orthopédique non chirurgical peut être envisagé pour certaines fractures stables ou chez des patients présentant des contre-indications opératoires majeures.

Durée d’hospitalisation : réalités et facteurs de variation

Chiffres nationaux et fourchettes observées

En France, selon les données de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), la durée moyenne d’hospitalisation pour une fracture du fémur est de 12,7 jours. Cependant, cette moyenne masque d’importantes disparités :

  • Patients jeunes sans complication : 2 à 7 jours
  • Personnes âgées avec comorbidités : 10 à 20 jours
  • Cas complexes avec complications : jusqu’à 60 jours

Le type d’intervention joue un rôle : les patients ayant bénéficié d’une ostéosynthèse restent généralement moins longtemps hospitalisés que ceux ayant reçu une prothèse de hanche.

Éléments déterminant la durée du séjour hospitalier

Plusieurs facteurs influencent significativement le temps passé à l’hôpital :

FacteurImpact sur la durée d’hospitalisation
Âge avancéAllongement
Comorbidités (diabète, insuffisance cardiaque…)Allongement significatif
Délai avant chirurgie (< 48h recommandé)Raccourcissement si intervention rapide
Autonomie préalableRaccourcissement si bonne autonomie antérieure
Complications post-opératoiresAllongement majeur
Organisation du suivi post-hospitalierVariable selon disponibilité des structures

La préparation anticipée de la sortie d’hospitalisation constitue un facteur déterminant pour éviter les prolongations inutiles de séjour.

Surveillance et gestion des complications pendant l’hospitalisation

Complications fréquentes à surveiller

La période d’hospitalisation est cruciale pour détecter et traiter rapidement d’éventuelles complications :

  • Complications thromboemboliques : phlébites, embolies pulmonaires (risque accru par l’immobilisation)
  • Infections : urinaires, pulmonaires, ou du site opératoire
  • Complications cutanées : escarres (particulièrement chez les patients alités)
  • Dénutrition[2] : fréquente et aggravant le pronostic
  • Syndrome confusionnel : notamment chez les personnes âgées

Ces complications peuvent considérablement allonger la durée d’hospitalisation et compromettre le pronostic fonctionnel. Le taux de mortalité dans l’année suivant une fracture du fémur reste élevé, entre 12 et 20%, principalement chez les patients âgés présentant des comorbidités.

Protocoles de prévention et de surveillance

Pour limiter ces risques, plusieurs mesures sont systématiquement mises en place :

  • Anticoagulation préventive
  • Mobilisation précoce (dès le lendemain de l’intervention si possible)
  • Surveillance des constantes et des paramètres biologiques
  • Prévention des escarres par changements de position réguliers
  • Suivi nutritionnel adapté

L’implication d’une équipe pluridisciplinaire (chirurgiens, anesthésistes, gériatres, kinésithérapeutes, infirmiers) permet d’optimiser cette surveillance et de réduire le risque de complications.

Parcours de rééducation : de l’hôpital au retour à l’autonomie

Premières étapes de la rééducation en milieu hospitalier

La rééducation débute généralement dès le lendemain de l’intervention chirurgicale, avec plusieurs objectifs :

  • Prévenir les complications liées à l’immobilisation
  • Récupérer progressivement la mobilité articulaire
  • Renforcer la musculature
  • Réapprendre les transferts (lit-fauteuil)
  • Initier la verticalisation et les premiers pas avec aide technique
rééducation après une fracture du col du fémur

Cette phase initiale, encadrée par des kinésithérapeutes hospitaliers, est déterminante pour la suite du parcours de soins.

Orientation post-hospitalière : SSR ou domicile ?

À l’issue de l’hospitalisation en service de chirurgie, deux principales options se présentent :

  • L’admission en Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) : recommandée pour les patients nécessitant une rééducation intensive ou présentant des difficultés sociales
  • Le retour à domicile avec rééducation ambulatoire : possible pour les patients jeunes, autonomes, disposant d’un environnement adapté

Le séjour en SSR dure généralement entre 3 et 6 semaines, prolongeant ainsi la période totale d’hospitalisation. Cette orientation est décidée en fonction de critères médicaux, fonctionnels et sociaux évalués par l’équipe soignante.

Préparation du retour à domicile

Évaluation des besoins et coordination des aides

La préparation de la sortie d’hospitalisation commence idéalement dès l’admission. Elle implique :

  • L’intervention d’assistants sociaux pour évaluer la situation personnelle
  • La mise en place d’aides humaines (auxiliaires de vie, infirmiers à domicile)
  • La prescription d’aides techniques (déambulateur, fauteuil roulant, etc.)
  • L’organisation des rendez-vous de suivi médical et paramédical

Une sortie bien préparée réduit significativement le risque de réhospitalisation et favorise une meilleure récupération fonctionnelle.

Adaptations du domicile et aides financières

Plusieurs aménagements sont souvent nécessaires pour sécuriser le retour à domicile :

  • Installation de barres d’appui dans les sanitaires (200-300€)
  • Lit médicalisé (location possible, prise en charge partielle par l’Assurance Maladie)
  • Élévateur de toilettes (30-150€)
  • Rampes d’accès pour les logements avec marches (500-1500€ selon complexité)
  • Monte-escaliers pour les habitations à étages (3000-15000€)

Des aides financières existent pour ces aménagements : MaPrimeAdapt’, Aide au Retour à Domicile après Hospitalisation (ARDH) de la CARSAT, aides des caisses de retraite complémentaire ou des mutuelles.

Récupération à long terme et prévention des récidives

Pronostic et perspectives de récupération

La récupération après une fracture du fémur est un processus long :

  • Consolidation osseuse : 3 à 6 mois
  • Récupération fonctionnelle complète : 6 à 12 mois (si possible)

Les statistiques montrent que :

  • Environ 50% des patients retrouvent leur niveau d’autonomie antérieur
  • 30% conservent des séquelles modérées limitant certaines activités
  • 20% perdent significativement en autonomie, nécessitant parfois une institutionnalisation

L’âge, l’état de santé préalable et la rapidité de la prise en charge sont des facteurs déterminants du pronostic.

Mesures préventives essentielles

Pour éviter les récidives et favoriser une bonne récupération, plusieurs mesures sont recommandées :

  • Lutte contre l’ostéoporose : apports suffisants en calcium et vitamine D, traitement médicamenteux si nécessaire
  • Prévention des chutes : adaptation du domicile, correction des troubles visuels, révision des traitements à risque (psychotropes notamment)
  • Activité physique adaptée : renforcement musculaire, travail de l’équilibre
  • Suivi médical régulier : contrôle radiologique, évaluation fonctionnelle

Après une prothèse de hanche, certaines précautions spécifiques doivent être respectées pendant plusieurs mois (éviter les flexions extrêmes, les rotations forcées et les positions à risque de luxation).

Questions fréquentes sur l’hospitalisation après fracture du fémur

Durées moyennes selon l’âge et le type de fracture

Les patients et leurs familles s’interrogent souvent sur les délais précis d’hospitalisation. Voici quelques repères :

  • Adulte jeune avec fracture diaphysaire : 5-7 jours en chirurgie, rarement besoin de SSR
  • Senior (65-80 ans) avec fracture du col : 7-10 jours en chirurgie + 2-4 semaines en SSR
  • Patient très âgé (>85 ans) ou fragile : 10-15 jours en chirurgie + 4-6 semaines en SSR

La durée totale de prise en charge (hospitalisation aiguë + SSR) varie donc généralement entre 1 semaine et 2 mois selon les profils.

Récupération et autonomie : attentes réalistes

Il est important d’avoir des attentes réalistes concernant la récupération :

  • La marche avec aide technique est généralement possible dans les 15 jours suivant l’intervention
  • La marche sans aide peut prendre 2 à 6 mois, voire plus selon l’âge
  • La conduite automobile est envisageable après 6 à 12 semaines pour les fractures simples
  • La reprise d’activités sportives douces est possible après 3-6 mois selon validation médicale

La récupération n’est pas linéaire et peut connaître des phases de plateau nécessitant patience et persévérance.

La fracture du fémur représente un événement majeur dans la vie d’un patient, avec des répercussions importantes sur l’autonomie et la qualité de vie. Si la durée moyenne d’hospitalisation se situe autour de 13 jours en France, le parcours complet de soins s’étend généralement sur plusieurs mois. Une prise en charge précoce, une rééducation adaptée et un accompagnement global permettent d’optimiser les chances de récupération. Face au vieillissement de la population, la prévention des chutes et de l’ostéoporose constitue un enjeu de santé publique majeur pour limiter l’incidence de ces fractures aux conséquences parfois dramatiques.

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