La maladie de Parkinson bouleverse la vie quotidienne des personnes atteintes. Au-delà des symptômes moteurs bien connus, cette pathologie s’accompagne souvent de troubles digestifs invalidants. De la constipation aux douleurs abdominales, en passant par les problèmes de déglutition, ces désagréments impactent considérablement la qualité de vie des patients. Face à ce constat, de nombreux malades et leurs proches se demandent si l’alimentation pourrait jouer un rôle dans la gestion de ces symptômes. Examinons de plus près les liens entre nutrition et troubles digestifs dans la maladie de Parkinson, ainsi que les pistes diététiques prometteuses pour soulager le quotidien des personnes touchées.
Les troubles digestifs associés à la maladie de Parkinson
Les troubles digestifs font partie intégrante du tableau clinique de la maladie de Parkinson. Ils peuvent apparaître plusieurs années avant même les premiers symptômes moteurs caractéristiques. Voici un aperçu des principaux problèmes rencontrés :
Constipation chronique
La constipation est l’un des symptômes les plus fréquents, touchant jusqu’à 80% des patients parkinsoniens. Elle s’explique notamment par :
- Un ralentissement du transit intestinal
- Une diminution des contractions musculaires du côlon
- Une réduction de l’activité physique
La constipation peut entraîner des complications comme des fécalomes ou une occlusion intestinale si elle n’est pas prise en charge correctement.
Troubles de la déglutition
Les difficultés à avaler, ou dysphagie, concernent environ 80% des patients à un stade avancé de la maladie. Elles augmentent les risques de :
- Fausses routes et pneumopathies d’inhalation
- Dénutrition[1]
- Déshydratation
Reflux gastro-œsophagien
Le reflux est favorisé par le ralentissement de la vidange gastrique et l’affaiblissement du sphincter œsophagien inférieur. Il peut provoquer des sensations de brûlures et des douleurs à l’estomac.
Troubles urinaires et incontinence
Les troubles urinaires touchent près de 70% des patients parkinsoniens. Ils se manifestent par :
- Des mictions fréquentes et urgentes
- Des difficultés à uriner
- Des fuites urinaires
L’incontinence[2] anale peut survenir dans les stades avancés de la maladie, altérant considérablement la qualité de vie.
Ballonnements et douleurs abdominales
Le ventre gonflé et les douleurs abdominales sont des plaintes courantes chez les patients parkinsoniens. Ils résultent souvent de la constipation et du ralentissement du transit intestinal.
L’impact de l’alimentation sur les troubles digestifs
Face à ces symptômes invalidants, l’alimentation apparaît comme un levier prometteur pour améliorer le confort digestif des patients. Voici quelques pistes diététiques à explorer :
Augmenter l’apport en fibres
Une alimentation riche en fibres est essentielle pour lutter contre la constipation. Il est recommandé de consommer :
- Des fruits et légumes frais
- Des céréales complètes
- Des légumineuses
L’objectif est d’atteindre 25 à 30 grammes de fibres par jour, en augmentant progressivement les apports pour éviter les ballonnements.
Privilégier une bonne hydratation
Boire suffisamment d’eau (1,5 à 2 litres par jour) est crucial pour :
- Ramollir les selles
- Faciliter le transit intestinal
- Prévenir la déshydratation liée aux troubles de la déglutition
Adapter la texture des aliments
En cas de troubles de la déglutition, il peut être nécessaire de :
- Hacher ou mixer les aliments
- Épaissir les liquides
- Éviter les aliments à textures mixtes (ex : soupe avec morceaux)
Limiter certains aliments irritants
Certains aliments à éviter ou à consommer avec modération en cas de reflux gastro-œsophagien :
- Café, thé, alcool
- Aliments gras et frits
- Agrumes et tomates
- Chocolat
- Menthe
Favoriser les repas fractionnés
Prendre plusieurs petits repas dans la journée plutôt que trois gros repas peut aider à :
- Réduire les ballonnements
- Faciliter la digestion
- Limiter les reflux
Les probiotiques : une piste prometteuse ?
De récentes études s’intéressent au rôle du microbiote intestinal dans la maladie de Parkinson. Les probiotiques pourraient avoir des effets bénéfiques sur :
- La constipation
- L’inflammation intestinale
- La production de neurotransmetteurs
Bien que les recherches soient encore en cours, l’intégration de probiotiques dans l’alimentation (yaourts, kéfir, choucroute) pourrait être une piste intéressante pour améliorer le confort digestif des patients.
L’importance d’une prise en charge globale
Si l’alimentation joue un rôle crucial dans la gestion des troubles digestifs liés à la maladie de Parkinson, elle ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes. Une approche multidisciplinaire est nécessaire, associant :
- Un suivi neurologique régulier
- Des consultations avec un gastro-entérologue
- L’accompagnement d’un diététicien
- La pratique d’une activité physique adaptée
- Un soutien psychologique si nécessaire
Traitements médicamenteux des troubles digestifs
En complément des mesures diététiques, des traitements médicamenteux peuvent être prescrits pour soulager les symptômes digestifs :
Constipation
Le traitement de la constipation dans la maladie de Parkinson peut faire appel à :
- Des laxatifs osmotiques (macrogol)
- Des laxatifs de lest (psyllium)
- Des suppositoires ou lavements en cas de constipation sévère
Reflux gastro-œsophagien
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont souvent prescrits pour réduire l’acidité gastrique et soulager les symptômes du reflux.
Troubles urinaires
Différentes options thérapeutiques existent selon le type de trouble urinaire :
- Anticholinergiques pour l’hyperactivité vésicale
- Alpha-bloquants pour les difficultés à uriner
- Toxine botulique dans certains cas réfractaires
Interactions entre alimentation et médicaments
À noter que certains aliments peuvent interagir avec les traitements antiparkinsoniens, notamment la lévodopa. Les protéines peuvent diminuer l’absorption intestinale de ce médicament, réduisant son efficacité. Il est donc recommandé de :
- Prendre la lévodopa 30 minutes avant ou 1 heure après les repas
- Répartir les apports protéiques sur la journée
- Éviter les régimes hyperprotéinés
Perspectives de recherche
La recherche sur les liens entre alimentation, microbiote intestinal et maladie de Parkinson est en plein essor. Plusieurs pistes sont actuellement explorées :
- L’impact du régime méditerranéen sur l’évolution de la maladie
- Le rôle des acides gras oméga-3 dans la neuroprotection
- L’utilisation de prébiotiques et probiotiques spécifiques
- L’influence de certains polyphénols (curcumine, resvératrol) sur l’inflammation neuronale
Ces travaux pourraient à terme déboucher sur de nouvelles recommandations nutritionnelles pour les patients parkinsoniens.
En résumé
Les troubles digestifs représentent un fardeau important pour les patients atteints de la maladie de Parkinson. Si l’alimentation ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes, elle constitue néanmoins un levier intéressant pour améliorer le confort et la qualité de vie des malades. Une approche nutritionnelle personnalisée, associée à une prise en charge médicale adaptée, peut contribuer à :
- Réduire la constipation
- Limiter les reflux gastro-œsophagiens
- Faciliter la déglutition
- Atténuer les ballonnements et douleurs abdominales
Il est essentiel que chaque patient discute avec son équipe soignante des adaptations alimentaires les plus appropriées à sa situation. La recherche continue d’explorer de nouvelles pistes pour optimiser la prise en charge nutritionnelle des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, ouvrant la voie à des approches thérapeutiques toujours plus ciblées et efficaces.
-
[1] Dénutrition
La dénutrition est un manque de nutriments dans leur alimentation, ce qui peut entraîner une perte de poids, une faiblesse physique et des problèmes de santé chez la personne âgée.
-
[2] Incontinence
L’incontinence est la difficulté à contrôler l’urine ou les selles, entraînant des fuites involontaires.
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