Les EHPAD sont des structures permettant une prise en charge médicalisée pour les personnes âgées en perte d’autonomie. En parallèle, la population française vieillit et la part des personnes âgées en perte d’autonomie augmente. Selon l’INSEE, près de 4 millions de personnes seront en perte d’autonomie d’ici 2050. 

Face à ce phénomène démographique né de la génération des “baby-boomers” devenus des “papy-boomers” suscite la problématique de la prise en charge de nos aînés. La France dispose-t-elle des moyens suffisants pour prendre en charge les seniors en perte d’autonomie? Voici les raisons pour lesquelles nos aînés entrent en EHPAD. 

Des millions de personnes âgées dépendantes en 2050 

 4 millions de personnes en perte d’autonomie d’ici trente ans. C’est le constat dressé par l’INSEE sur l’évolution du vieillissement de la population. L’année dernière, un français sur cinq a plus de 64 ans, 20,7%. 

Au sein de cette tranche d’âge, 15,3% est en perte d’autonomie. Et cette tendance se poursuivra, avec l’amélioration des soins de santé et des conditions de vie.  

Placer un proche dans un établissement médicalisé est une décision délicate et importante. Cela renvoie à une représentation collective péjorative encore vivace. Pourtant, les maisons de retraite rivalisent de dynamisme et d’idées innovantes. Un fonctionnement bien différent des établissements de l’époque. Leur personnel accompagne nos aînés avec professionnalisme et bienveillance. 

Ces établissements s’efforcent d’être le plus adaptable et mettent tout en œuvre pour répondre aux besoins des résidents. C’est d’ailleurs grâce à ces ajustements que les résidents se sentent intégrés à leur environnement. 

Pourquoi les EHPAD existaient-ils à l’origine? 

C’est en 1905 qu’est votée la première loi “d’assistance obligatoire aux vieillards”. Les communes, grâce à un système de subventions de l’Etat, sont obligées d’assister toute personne de plus de soixante-dix ans. Des établissements sont alors construits, avec de grandes considérations médicales et de confort (électricité, eau courante notamment). 

  • Ces constructions sont novatrices. 
  • Des micro sociétés se créent alors au sein des établissements : enfants trouvés,  handicapés y habitent également. 
  • Chacun participe à cette vie communautaire : entretien des locaux, préparation des repas ou encore travaux de couture. 

Après la seconde guerre mondiale apparaissent les limites de ce système : moyens limités, capacité insuffisante. L’Etat adopte une nouvelle loi et encourage la création des maisons de retraite en janvier 1975. Le volet social était mis en avant, séparé du médical. Les établissements n’étaient pas forcément médicalisés pour les personnes âgées seulement.  

Les EHPAD comme résidence pour nos aînés 

Près de quarante années plus tard, une refonte des lois s’impose. L’espérance de vie (de 76.9 ans pour les femmes en 1975) a augmenté de presque sept ans (83,1 ans). De même, la probabilité d’être en situation de perte d’autonomie s’accroît avec l’âge. Les maisons de retraite doivent répondre davantage aux besoins de santé, à des prises en charge médicales des résidents. 

Comparatif de l'espérence de vie Homme-Femme entre 1975 et 2019
Source : Insee, selon les estimations de population et statistiques de l’état civil.
*chiffres arrondis

Les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes sont définis par la nouvelle loi de janvier 2002. Ils ont alors ouvertement une vocation de dispenser des soins aux personnes bénéficiant de l’aide sociale. Désormais, la mesure porte sur la dépendance de la personne âgée.

Par conséquent, la partie médicale prend une place plus importante et plus encadrée : grille AGGIR (qui permet le calcul du GIR soit le degré de perte d’autonomie), soins de longue durée… 

La prise en charge est divisée en trois parties égales : le tarif hébergement, dépendance et soin. Les Agences Régionales de Santé contrôlent les établissements, tout comme l’Etat et les collectivités territoriales (conseil départemental). 

Aide soignante qui accompagne un resident en EHPAD

Les EHPAD apparaissent alors progressivement comme la dernière demeure. Après l’hôpital, après le maintien à domicile, après avoir essayé d’autres alternatives, les proches décident de placer leur parent en EHPAD. Cette décision reprend toute l’histoire de la perte d’autonomie, les sentiments négatifs accumulés sur cet état. 

Difficile d’effacer le passé, les actions entreprises pour améliorer son quotidien avec en filigrane la fin de vie … Le proche de la personne âgée a souvent un sentiment d’échec avant l’entrée en EHPAD.

Pourtant, la fin de vie peut offrir de beaux moments en compagnie de son proche. Une nouvelle dynamique se crée ; il ne s’agit pas de devenir le parent de son propre parent mais de l’accompagner, d’être présent à ses côtés. 

Les maisons de retraite médicalisées pas si inadaptées 

Le Cercle Vulnérabilités et Société est consacré au développement social, avec la ferme conviction que les vulnérabilités de chacun sont la force de tous. Ce groupe a mené récemment une enquête auprès des personnes proches des résidents en EHPAD.  Plus d’un tiers considèrent que ces établissements restent la solution la mieux adaptée pour un senior en perte d’autonomie. Les maisons de retraite s’avèrent nécessaires pour les familles. 

Les équipes de soignants pour les seniors 

Cet état d’esprit correspond parfaitement à l’évolution des mentalités et des valeurs sociales. 

En effet, les proches mettent en avant les nombreux avantages des maisons de retraite. 

La présence du personnel soignant (médecin coordonnateur, infirmiers, thérapeutes…) est un véritable enjeu. De fait, les frais médicaux peuvent être réduits. Les tarifs soins sont répartis selon le projet de la personne âgée, tout comme le tarif dépendance. 

Afin de ralentir la perte d’autonomie, la personne âgée est encouragée à poursuivre le plus possible les gestes du quotidien. Le personnel soignant assure un rôle d’accompagnant plutôt que d’exécutant. 

Cela correspond aussi à une décharge émotionnelle et physique pour le proche aidant. Ce dernier n’est pas forcément formé à ces gestes. Il s’agit également de trouver le bon équilibre entre vie privée et le temps passé avec les autres résidents. 

Enrichissement de la dimension sociale pour le résident 

En effet, l’entrée en EHPAD peut correspondre à une reprise des liens sociaux, parfois affaiblis et distendus lors du maintien à domicile. La personne âgée peut retrouver d’anciennes relations ou encore nouer de belles amitiés autour des activités proposées. 

Il arrive même parfois que certains trouvent l’amour! Ces dernières sont un atout majeur pour les résidences. Tout est orienté pour le bien-être et le confort des seniors, avec une dimension thérapeutique.

Les loisirs sont fondamentaux en EHPAD : renforcer des liens sociaux, stimuler les fonctions cognitives ou motrices (et donc ralentir le développement de maladies neuro-dégénératives types Parkinson ou Alzheimer), diminuer l’anxiété… 

Activités et animations en EHPAD

Avec l’arrivée en maisons de retraite des premiers Baby-boomers, les activités sont de plus en plus orientées vers les nouvelles technologies. Ces personnes connaissent et ont travaillé avec les outils informatiques. Par exemple, plus de 3 personnes âgées de 75 ans et + utilisent des tablettes. 

Comme nous l’avons évoqué précédemment, le proche devient un aidant du résident de l’établissement. Il n’a pas à gérer le quotidien, notamment la préparation et la prise des repas. Cela évite de l’anxiété pour tous, tant le résident que son proche parent. 

Les signes d’alerte d’une perte d’autonomie

Nous vous présentons les différents signes pouvant vous alerter sur un placement en EHPAD:

  • Une perte d’autonomie qui progresse 

l’avancée en âge rend plus difficile les tâches du quotidien. Cela peut se manifester par des pertes de mémoire immédiate. Les menues tâches demandent des efforts, aussi le senior évite de les réaliser. Cette stratégie peut entraîner un oubli de certaines pratiques.  

  • Un besoin d’assistance plus conséquent pour les tâches quotidiennes

Il peut ressentir des douleurs pour se déplacer ou pour préparer les repas. Un changement des habitudes alimentaires peut alerter sur une perte d’indépendance. 

  • Un logement qui devient inadapté voire dangereux pour votre proche (risque de chutes etc…) 

Les personnes âgées peuvent éprouver des difficultés à vivre à leur domicile : escaliers, placards trop hauts/bas, portes trop lourdes… Nous pouvons multiplier les exemples pour démontrer la nécessité de déménager dans un lieu plus adapté. 

  • Hospitalisation répétée

Le corps, bien plus facilement que le mental, rappelle l’avancée en âge. Les mauvaises langues commencent à dire que les hôpitaux deviennent les résidences secondaires des seniors, suite aux maladies, fractures, accidents de la vie courante. 

Attention également à un affaiblissement psychique de la personne : un état dépressif apparaît comme un indice favorable à une entrée en EHPAD. 

  • Épuisement de l’aidant 

S’occuper d’une personne en état de dépendance n’est pas évident, même s’il s’agit d’un parent proche. Les aidants ne sont pas formés aux gestes, paroles à adopter face à la perte d’autonomie : ils peuvent se décourager à vouloir soulager le quotidien de la personne dépendante. 

  • Isolement de plus en plus prononcé

Les personnes âgées peuvent devenir réticentes à sortir de leur domicile. Acheter du pain, chercher son courrier, appeler ses amis ne font plus partie de la routine. Malheureusement, les liens sociaux s’en trouvent affectés.

Les signes indiquant une recherche impérative de maison de retraite 

Les indicateurs signalant qu’il serait préférable de commencer ses recherches d’une maison de retraite: 

  • Des symptômes de dépendance avancée (besoin d’une présence quotidienne). 
  • Risque d’affaiblissement progressif et par extension un risque d’accident élevé. 
  • Une perte d’autonomie brutale 
  • Des signes de pathologies handicapantes à un stade avancé: la maladie d’Alzheimer, Parkinson , la maladie de Charcot etc… 

L’admission dans un EHPAD peut être préparée, tant pour le futur résident que pour son proche. Elle ne doit pas être vécue comme une fatalité mais plus comme une autre page dans la vie déjà très riche de la personne âgée.   

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Andrea,Rédactrice chez Cap Retraite

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