L’examen de conduite obligatoire pour les automobilistes âgés arrivera-t-il en 2025 ? Après de longs débats au sein de la Commission européenne, le projet de réforme du Permis de conduire senior soulève la question de la capacité à conduire en toute sécurité après 60 ans. Si les conducteurs âgés sont globalement plus prudents que les jeunes, leur vulnérabilité physique augmente avec l’âge. En 2024, les personnes de 65 ans ou plus représentaient 24 % des personnes tuées sur la route, selon l’ONISR. Pourtant, ils restent très nombreux à prendre le volant (93 %), malgré les difficultés liées à l’âge. Dans ce contexte, une proposition de loi transpartisane, examinée le 1er avril 2025 à l’Assemblée nationale, envisage d’imposer une visite médicale tous les cinq ans aux conducteurs de plus de 70 ans. Voici les modalités de cette possible évaluation, et comment s’y préparer.
Pourquoi contrôler le permis pour les conducteurs âgés ?
En majorité plus prudents au volant que les jeunes conducteurs… La baisse des réflexes, les problèmes de vue ou d’audition, ainsi que certaines pathologies chez les seniors sont autant de changements physiologiques qui affectent leur réactivité et interpellent sur leurs capacités à bien conduire.
Avec une réévaluation obligatoire du permis B chez les personnes âgées, la
Ainsi, face au vieillissement de la population, la question de la sécurité routière chez les conducteurs âgés suscite une attention croissante, tant en France qu’au niveau européen.
La Commission européenne envisage une harmonisation des règles de renouvellement du permis de conduire, avec notamment des contrôles d’aptitude réguliers à partir de 70 ans.
En parallèle, une proposition de loi, déposée le 18 mars, a été examinée à l’Assemblée nationale le 1er avril 2025. Portée par une centaine de députés de divers horizons politiques, elle vise à instaurer une visite médicale obligatoire tous les cinq ans pour les automobilistes âgés de plus de 70 ans.
Qu’il s’agisse du cadre européen ou des débats en cours en France, ces initiatives poursuivent des objectifs communs :
- Identifier les conducteurs potentiellement dangereux avant qu’un accident ne survienne.
- Adapter des conseils personnalisés en fonction des déficiences constatées.
- Assurer la sécurité de tous les usagers de la route.
- Optimiser l’expérience de conduite des seniors à leurs besoins.
Quels examens devront passer les automobilistes seniors ?
Selon la proposition de loi actuellement débattue à l’Assemblée nationale, les conducteurs de plus de 70 ans pourraient être soumis à une visite médicale obligatoire tous les cinq ans. Celle-ci serait réalisée par un médecin généraliste ou, si besoin, par un médecin agréé habilité à vérifier l’aptitude à la conduite.
L’objectif est d’attester de leur aptitude à la conduite. L’avis médical serait transmis à la préfecture, qui déciderait alors du maintien, du renouvellement ou de la suspension du permis.
Pourquoi 70 ans ?
L’examen de conduite concerne tous les automobilistes ayant atteint l’âge de 70 ans. Un âge précisément choisi par les autorités après :
- Analyse des données accidentologiques,
- Consultation de professionnels de santé spécialisés dans le vieillissement,
- Des études qui montrent une augmentation significative de certains facteurs de risque à partir de la septième décennie,
- Les pratiques déjà en vigueur dans plusieurs pays européens ayant adopté des mesures similaires avec des résultats probants en termes de sécurité routière.
Contenu de l’examen
L’examen de conduite après 70 ans pourrait comprendre plusieurs tests d’aptitudes à la conduite :
- Une visite médicale approfondie incluant des tests visuels et auditifs.
- Les réflexes et la coordination à travers des exercices pratiques.
- Une mise en situation réelle afin d’observer le comportement du senior au volant dans des conditions de circulation variées.
Grâce à ces différents contrôles, les éventuels troubles incompatibles avec la conduite pourraient ainsi être détectés.
Conséquences du renouvellement du permis pour les conducteurs âgés
Après 70 ans, la réussite à cet examen conditionnerait le maintien du permis de conduire.
En cas d’échec à l’examen
Si le conducteur échouait aux tests, plusieurs options seraient alors envisageables :
1- La prescription d’une formation de remise à niveau (révision du code de la route et pour s’adapter aux nouvelles technologies automobiles) suivie d’une nouvelle évaluation.
2- Des restrictions de circulation, comme :
- limiter la conduite aux heures diurnes,
- restreindre l’accès à certains types de routes,
- définir un périmètre géographique.
3- L’ajout de dispositifs d’assistance dans votre véhicule (le freinage automatique ou le maintien dans la voie) pour compenser certaines faiblesses physiques. Toutefois, l’intégration de ces technologies nécessite un apprentissage et une adaptation de la part des conducteurs.
4- Un retrait complet du permis.
Une mesure controversée
Selon l’enquête d’Ipsos pour la Fondation Vinci Autoroutes ce 6 mars 2025, 51 % des seniors refusent catégoriquement de se soumettre à un tel examen qui pourrait potentiellement les priver de leur permis (et liberté) de conduire. En effet, pour 91 % des personnes âgées, leur véhicule est indispensable à leur autonomie quotidienne, surtout dans les zones rurales ou périurbaines où les transports en commun se font rares.
En plus d’une possible discrimination liée à l’âge et une atteinte à l’autonomie des personnes âgées, les critiques dénoncent une nouvelle occasion de taxer les plus âgées à travers :
- Le coût des centres de formation spécialisés, qui se préparent déjà à accueillir cette nouvelle catégorie d’apprenants, avec des programmes spécifiquement conçus pour répondre aux besoins des conducteurs seniors.
- Des contraventions appliquées en cas de non-présentation du justificatif d’aptitude à la conduite pour les conducteurs de plus de 70 ans, lors de contrôles routiers.
L’association “40 millions d’automobilistes” souligne également l’implication des jeunes conducteurs dans de nombreux accidents de la route.
En effet, selon les chiffres officiels, les seniors de 75 ans ou plus ne sont responsables que de 5 % des accidents mortels, contre 34 % chez les conducteurs de 18 à 34 ans (bilan ONISR 2024). Une réalité qui questionne la pertinence d’une mesure ciblée uniquement sur l’âge.
Pourtant, une majorité de Français semble favorable à cette mesure. Selon un sondage IFOP réalisé en février 2024, 59 % des personnes interrogées soutiennent l’instauration de visites médicales obligatoires pour les conducteurs. En outre, 70 % y sont favorables lorsqu’il s’agit spécifiquement des seniors.
Qu’en est-il dans les autres pays européens ?
La question du contrôle médical pour les conducteurs âgés fait l’objet de mesures déjà concrètes dans de nombreux États membres de l’Union européenne. Les seuils d’âge et la fréquence des visites varient selon les pays :
Pays | Âge de début des contrôles | Fréquence des examens médicaux |
|---|---|---|
Portugal | 40 ans | Tous les 10 ans jusqu’à 75 ans, puis tous les 2 ans |
Italie | 50 ans | Périodicité non spécifiée |
| 65 ans | |
| 70 ans | |
Pays-Bas | 75 ans | Tous les 5 ans |
Slovénie | 80 ans | Périodicité non spécifiée |
| Non lié à l’âge | Obligatoire lors du renouvellement du permis |
Autriche | Avant délivrance du permis | Certificat médical requis, valable 18 mois |
Croatie | Renouvellement tous les 10 ans | |
Slovaquie | Dès l’obtention du permis | Tous les 5 ans, puis tous les 2 ans après 65 ans |
Comment bien préparer son examen de conduite senior ?
Avant l’entrée en vigueur de la loi (dans la mesure où elle serait finalement adoptée), voici quelques conseils pour bien préparer votre évaluation de conduite :
- Consultez votre médecin traitant pour discuter des impacts possibles de votre santé sur votre capacité de conduite.
- Assurez-vous de bien dormir la veille.
- Portez vos lunettes ou aides auditives si nécessaire.
- Révisez les principaux codes de la route.
LIRE AUSSI : Parler à son proche âgé de sa conduite dangereuse.
Les alternatives à la voiture pour les seniors recalés à l’examen
Cet éventuel examen obligatoire s’accompagne d’initiatives pour offrir des alternatives de mobilité aux seniors et à ceux qui perdent leur permis, telles que :
- Le développement de transports en commun adaptés.
- Des services de mobilité partagée.
- Des services de transports à la demande.
En attendant l’arrivée des voitures 100 % autonomes, ces solutions viables respectent le droit des seniors à une mobilité sûre et autonome et limitent les déplacements en voiture individuelle.
Recommandations pour une conduite sécurisée des seniors
Indépendamment de ce test qui pourrait devenir obligatoire, des campagnes d’information et de sensibilisation encourageant les seniors à évaluer régulièrement leurs capacités de conduite :
- Des sessions pour suivre des cours de remise à niveau, notamment si le permis a été obtenu il y a plusieurs décennies.
- Découvrir les nouvelles règles du code de la route.
- Évaluer les réflexes et les compétences de conduite avec un professionnel.
- Effectuer des tests médicaux volontaires (évaluer la vision, l’audition et les capacités physiques).
Cette approche responsabilise les conducteurs âgés et promeut une culture de la sécurité routière à tous les âges en réduisant les accidents causés par des problèmes de santé non diagnostiqués.
Le vieillissement de la population a toujours soulevé des questions légitimes en matière de sécurité routière. En 2025, les autorités françaises souhaitent réglementer l’aptitude à la conduite chez les personnes âgées. Si le projet de loi permis de conduire senior, plus préventif que punitif, désire maintenir l’autonomie des seniors et assurer la sécurité de tous sur nos routes, il prépare l’introduction d’un permis spécial pour les personnes de plus de 65 ans, applicable à certains types de véhicules.
Source : Fondation.vinci-autoroutes.com
Questions fréquentes
Quels sont les signes que je dois passer un bilan de conduite ?
Des oublis fréquents au volant, des difficultés à lire les panneaux, des remarques de l’entourage ou une perte de confiance doivent vous alerter.
Existe-t-il des aides pour financer une remise à niveau ?
Certaines collectivités locales ou associations peuvent proposer un accompagnement, notamment sous forme de stages ou d’ateliers pour actualiser ses connaissances ou tester ses réflexes.
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Commentaires (15)
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La future loi ,telle que rédigée ,doit être modifiée, tous lès cas de figure n’y sont pas répertoriés.
Il faudrait donner des autorisations spécifiques pour chaque nouveau cas présenté. Ne vaut-il pas mieux étudier au cas par cas, avant d’inscrire une nouvelle loi, non applicable pour grand nombre de cas. Nous aurions alors une adéquation parfaite entre la loi et son application. Il faudrait penser également à supprimer le mot ÉGALITÉ au vu du nombre de personnes profitant d’une voiture avec chauffeur….
bonjour
j’ai 76 ans mon permis date de 1967, je prend la route tous les jours et suis apte a conduire , les jeunes conducteurs conduisent en téléphonant font n’importe quoi sur la route, double sur la gauche, sans compter tous ceux qui prennent des droques illicicites et sous l’emprise de l’alccol ,conduisent au dessus de la vitesse autorisée, et nous les séniors c’est nous les conducteurs dangereux ? je suis un ancien professionnel de la route.
Bonjour Jean Louis je partage votre avis, cependant,une aide à appréhender les risques de la conduite ,et notre responsabilité à reconnaître c’est de plus en plus difficile de bien réagir confronté à ces nouveaux comportements,parfois dangereux.Et admettre aussi nos faiblesses dû à l’âge.
Alors des cours de prévention routière non punitifs sauf cas de force majeure ,nous serait sans très utiles et rassurants.