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    La décompensation cardiaque chez la personne âgée est une condition médicale dangereuse pouvant entraîner une hospitalisation en urgence. Il s’agit d’une complication de l’insuffisance cardiaque, au cours de laquelle les signes et symptômes de la maladie s’aggravent subitement. Elle a de graves répercussions sur l’état de santé et l’autonomie du patient. 

    Qu’est-ce que la décompensation cardiaque ?

    La décompensation cardiaque est une complication de l’insuffisance cardiaque, une pathologie fréquente chez la personne âgée. Elle survient lorsque les mécanismes de compensation de l’organisme ne parviennent plus à pallier le fonctionnement défaillant du muscle cardiaque. 

    Le cœur n’arrive pas à gérer la quantité de sang présente dans le système circulatoire. Résultat : le sang s’accumule dans les vaisseaux et la pression qu’il exerce sur leurs parois augmente. Ce phénomène entraîne un passage de liquide vers les tissus et finalement une rétention de fluide dans le corps. 

    La décompensation cardiaque est une urgence médicale : elle se traduit par une aggravation subite des symptômes de l’insuffisance cardiaque. Elle peut aussi survenir chez des personnes non diagnostiquées auparavant, mais qui présentent un trouble cardiaque dont elles n’ont pas conscience. 

    La décompensation cardiaque en chiffres :

    L’insuffisance cardiaque et sa décompensation aiguë sont parmi les causes d’hospitalisation les plus fréquentes chez les personnes âgées. 

    Après 80 ans, 

    • environ 25 % des patients décèdent dans les 3 mois suivant la poussée d’insuffisance cardiaque, 
    • près de 40 % dans l’année. 

    Les personnes hospitalisées pour décompensation cardiaque sont âgées en moyenne de 78 ans (HAS, 2015).

    Quelles sont les causes de la décompensation cardiaque chez la personne âgée ?

    Les causes de la décompensation cardiaque chez la personne âgée sont diverses : 

    • infections survenant pendant la maladie : infection des poumons (pneumopathie), des voies urinaires, des voies biliaires, etc.
    • maladies cardiaques : infarctus du myocarde (crise cardiaque), troubles du rythme cardiaque, fibrillation atriale (FA), maladies des artères coronaires ou des valvules cardiaques (valvulopathie), etc.
    • aggravation de maladies existantes : surtout l’anémie, mais aussi BPCO, insuffisance rénale, troubles de la thyroïde,
    • mauvais suivi du traitement de l’insuffisance cardiaque,
    • hypertension artérielle non contrôlée,
    • embolie pulmonaire (caillot de sang ayant migré dans un poumon),
    • ajout de nouveaux médicaments, notamment les AINS et les corticoïdes.

    Par ailleurs, les facteurs de risque de la décompensation cardiaque sont identiques à ceux de l’insuffisance cardiaque : 

    • alcoolisme,
    • diabète,
    • taux de LDL-cholestérol élevé,
    • tabagisme,
    • obésité, 
    • dénutrition,
    • régime trop riche en sel,
    • manque d’activité physique,
    • apnée du sommeil, 
    • âge avancé, 
    • AVC ou accident ischémique transitoire (AIT) antérieur,

    Quels sont les symptômes de la décompensation cardiaque ?

    Les symptômes de la décompensation cardiaque ou insuffisance cardiaque aiguë sont les suivants : 

    • Essoufflement ou dyspnée d’effort : la personne a du mal à respirer même pendant des efforts peu importants ;
    • Gêne respiratoire en position allongée (orthopnée) : elle provoque une difficulté à dormir allongé ;
    • Essoufflement de nuit (dyspnée nocturne paroxystique) : difficulté soudaine à respirer pendant le sommeil. Le patient se réveille en sursaut pour tenter de reprendre son souffle ; y a t-il une différence entre l’essoufflement de nuit et celle liée à l’effort?  ce ne sont pas les mêmes symptômes mais avec des déclencheurs différents? 
    • Apparition d’œdèmes : gonflement accru des membres (jambes, chevilles, bras), au niveau du ventre ou des doigts, dû à une rétention de fluides ;
    • Fatigue sans raison ; 
    • Prise de poids rapide : plus de 2 ou 3 kg en quelques jours ;
    • Palpitations et arythmie : battements du cœur plus rapides, lents ou irréguliers ;
    • Douleurs thoraciques ;
    • Baisse de la tension artérielle : elle peut entraîner des malaises lorsque la personne change de position.

    Il est important de reconnaître ces signes d’alerte de la décompensation cardiaque pour recevoir un traitement à temps. 

    Comment prévenir l’insuffisance cardiaque aiguë décompensée ?

    La meilleure façon de prévenir la décompensation cardiaque réside dans :

    • une suppression des facteurs de risques contrôlables :
      • arrêter de fumer, 
      • cesser la consommation d’alcool,
      • adopter un régime alimentaire équilibré (par exemple un régime méditerranéen adapté),
      • réduire la consommation de sel (entraînant une surcharge d’eau dans l’organisme), 
      • éviter l’automédication surtout avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens,
      • adopter une activité physique d’endurance selon les capacités de la personne âgée… 
    • le respect du traitement de l’insuffisance cardiaque et des autres maladies susceptibles de déclencher un épisode de décompensation,
    • l’autosurveillance des symptômes,
    • la surveillance régulière du poids, du pouls et de la tension artérielle. 
    LIRE AUSSI:  Tout savoir sur la télémédecine pour les personnes âgées
    En l'absence de décompensation cardiaque, la circulation sanguine fonctionne dans un sens bien précis
    La circulation sanguine normale dans le cœur humain

    Comment un épisode de décompensation cardiaque est-il diagnostiqué ?

    Le diagnostic de la décompensation cardiaque repose sur une étude des antécédents familiaux et médicaux du patient, ainsi que sur un examen physique. 

    Les examens pour repérer la décompensation

    Il n’y a pas d’examen diagnostic unique. L’équipe des urgences réalisera certainement les tests suivants : 

    • électrocardiogramme : pour analyser l’activité cardiaque du cœur, 
    • radio du thorax : pour chercher une accumulation de liquide dans le cœur ou les poumons, 
    • écho-doppler cardiaque,
    • échocardiogramme : pour visualiser les mouvements cardiaques et la circulation sanguine,
    • angiographie ou cathétérisme cardiaque : pour examiner les vaisseaux sanguins du cœur,
    • dosage de BNP ou de NT-proBNP. Le peptide natriurétique de type B est une hormone produite par les cellules musculaires du cœur, sécrétée en cas de tension sur la paroi du ventricule gauche. C’est un bon marqueur de l’insuffisance cardiaque gauche décompensée.

    L’identification du type de décompensation cardiaque

    Les symptômes observés lors de l’épisode d’insuffisance cardiaque aiguë dépendent du côté du cœur touché. Il existe trois cas de figure : 

    1. La décompensation cardiaque gauche 

    La décompensation cardiaque gauche est une grave complication de l’insuffisance cardiaque gauche. 

    L’œdème aigu du poumon

    Le cœur gauche ne parvient pas à propulser le sang riche en oxygène vers l’organisme. Un « bouchon » de sang en provenance de l’oreillette gauche se forme alors et arrive dans les veines du poumon. 

    Lorsque la pression dans les veines pulmonaires augmente, le plasma sanguin commence à sortir des vaisseaux, ce qui entraîne un œdème aigu du poumon (AOP). Il s’agit d’une urgence vitale, nécessitant une intervention immédiate. 

    Symptômes de la décompensation cardiaque gauche — Œdème aigu du poumon :

    • Détresse respiratoire – dyspnée,
    • Pouls rapide,
    • Pâleur et sueur froide,
    • Tension artérielle élevée. 

    Le choc cardiogénique

    La décompensation cardiaque gauche peut aussi se traduire par un choc cardiogénique : une situation des plus graves. 

    Lorsque le myocarde ventriculaire (tissu musculaire du cœur) est endommagé, le ventricule ne parvient plus à se contracter. Ceci entraîne une baisse du débit cardiaque. Le cœur utilise alors des mécanismes de compensation. Utiles à court terme, ils sont dangereux sur le long terme. Ils vont en effet provoquer une décompensation cardiaque grave avec risque d’arrêt cardiaque. 

    Signes du choc cardiogénique : 

    • Chute de la pression artérielle,
    • Pouls faible,
    • Peau pâle et froide,
    • Dyspnée. 

    Dans ces deux cas, il est nécessaire d’appeler les secours en urgence.

    Schéma du flux sanguin inversé dans la décompensation cardiaque
    Dans la décompensation cardiaque, le sens du flux sanguin est inversé

    2. La décompensation cardiaque droite 

    La décompensation cardiaque droite est une complication de l’insuffisance cardiaque droite.

    Lorsque le ventricule droit ne parvient pas à propulser le sang pauvre en oxygène dans les poumons, celui-ci s’y accumule et remonte vers l’oreillette droite. Il s’accumule ensuite dans les veines caves (grosses veines censées faire circuler le sang des organes jusqu’au cœur). 

    Le sang, qui circule donc dans le sens inverse, retourne dans les veines de l’organisme et y exerce une pression trop importante. Ceci fait fuir le plasma (liquide du sang) à l’extérieur des vaisseaux sanguins et entraîne des œdèmes des membres, ainsi qu’un gonflement du foie.   

    Symptômes de décompensation cardiaque droite :

    • Œdèmes des jambes et des bras, 
    • Congestion des veines jugulaires (dans le cou),
    • Ascite : ventre très gonflé, signe d’atteinte du foie.  

    3. La décompensation cardiaque globale

    Lorsque les deux côtés du cœur sont atteints, tous les symptômes se manifestent en même temps.

    Quel traitement en cas de décompensation cardiaque ?

    Le traitement de la décompensation cardiaque inclut une prise en charge immédiate des symptômes engageant le pronostic vital. Ensuite, le parcours de soins du patient est adapté pour prévenir les récidives. 

    Le traitement en urgence 

    Le traitement en urgence de la décompensation cardiaque vise à restaurer une circulation sanguine normale et l’apport d’oxygène aux organes vitaux. Il permet de traiter les symptômes aigus et de stabiliser le patient. Les soins octroyés par les premiers secours et par les urgences de l’hôpital sont les suivants : 

    • Oxygénothérapie pour soulager la dyspnée et aider le patient à respirer, 
    • Vasodilatateurs : médicaments qui élargissent les vaisseaux sanguins, notamment les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensinogène (IEC), 
    • Diurétiques pour aider le corps à évacuer les excès de fluides et réduire les œdèmes.  
    LIRE AUSSI:  Dégénérescence maculaire liée à l’âge - DMLA : définition et prévention
    Oxygénothérapie dans le traitement d'une décompensation cardiaque avec dyspnée chez un senior aux urgences
    Oxygénothérapie dans le traitement d’une décompensation cardiaque avec dyspnée

    La prise en charge de la décompensation cardiaque sur le long terme

    La prise en charge à long terme de la décompensation cardiaque vise à maintenir la stabilité clinique du patient, à prévenir les récidives et à améliorer la qualité de vie. Le traitement varie en fonction de :

    • la cause et les facteurs déclenchants de la décompensation cardiaque, 
    • la gravité de la maladie,
    • la présence d’autres pathologies.

    Les traitements à long terme pour la décompensation cardiaque peuvent ainsi comprendre ce qui suit :

    Adaptation du traitement médicamenteux de l’insuffisance cardiaque

    Différents médicaments peuvent être utilisés pour traiter la décompensation cardiaque, notamment : 

    • bêtabloquants, 
    • inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), 
    • antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (ARA), 
    • diurétiques,
    • anticoagulants.

    Ces médicaments sont des exemples de traitements possibles, mais d’autres molécules pourraient être prescrites en fonction de la situation spécifique de chaque patient.

    En effet, le choix des médicaments dépendra des causes de l’insuffisance cardiaque et de l’étendue des dommages provoqués par la décompensation cardiaque. Les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque systolique recevront un traitement médicamenteux différent de celui des patients souffrant d’insuffisance cardiaque diastolique.

    Changements de style de vie

    Des changements de style de vie tels qu’une alimentation saine, une activité physique régulière et l’arrêt du tabac sont nécessaires. Ils contribuent à réduire les facteurs de risque de la décompensation cardiaque et à améliorer la qualité de vie.

    Gestion des comorbidités

    Les patients atteints de décompensation cardiaque ont souvent d’autres affections médicales telles que l’hypertension artérielle, le diabète ou l’apnée du sommeil. Elles doivent également être prises en charge.

    Les maladies cardiaques susceptibles de causer une décompensation cardiaque seront souvent traitées par la chirurgie : 

    • Pose d’un stent ou pontage coronarien en cas de coronaropathie (maladie des artères coronaires) ;
    • Chirurgie valvulaire : implantation d’un stimulateur cardiaque (pacemaker) ou d’un défibrillateur cardiaque implantable (DCI). Le but : maintenir un rythme cardiaque régulier et traiter les troubles du rythme cardiaque.
    • Transplantation cardiaque : remplacement du cœur par un cœur sain provenant d’un donneur.
    • Aider le cœur avec un dispositif d’assistance ventriculaire (sorte de pompe mécanique artificielle) jusqu’à la greffe cardiaque.

    Suivi régulier

    Les malades doivent être suivis régulièrement par leur médecin traitant ou leur cardiologue. Le but :

    • évaluer leur état de santé, 
    • ajuster les médicaments,
    • surveiller les signes de récidive.

    Surveillance à domicile ou en Ehpad

    La personne âgée doit également bénéficier d’une surveillance de la pression artérielle et du poids corporel. Le but : détecter les signes précoces de récidive de la décompensation cardiaque. 

    Cette surveillance peut être effectuée à domicile, par soi-même ou avec l’aide d’un service de soins infirmiers à domicile. 

    L’Assurance maladie propose un service de retour à domicile après hospitalisation pour décompensation cardiaque, appelé Prado. Ce dispositif comprend un suivi par le médecin et une infirmière, ainsi que la mise en place d’aides à la personne si nécessaire.

    Le suivi après un épisode d’insuffisance cardiaque aiguë peut également être facilité par un accueil en Ehpad. Le personnel soignant en maison de retraite veillera à l’état de santé du résident et sera attentif aux éventuels signes de dégradation. L’équipe aidera aussi le patient dans le respect de son traitement et apportera tout le soutien nécessaire au quotidien. Le régime alimentaire sera adapté aux besoins de la personne âgée.

    Réadaptation cardiaque

    La réadaptation cardiaque est également recommandée pour améliorer la fonction cardiaque et la qualité de vie à long terme. Elle inclura des exercices supervisés, une éducation sur la santé cardiaque et un soutien psycho-social.

    Il est important de souligner que la prise en charge à long terme de la décompensation cardiaque est un processus continu. Elle doit être adaptée aux besoins individuels du patient au fil du temps.

    Sources : 

    Cloppet-Fontaine, A. (2013). Facteurs déclenchants des décompensations cardiaques chez les sujets âgés. Université Paris Descartes.

    HAS, 2014. Guide du Parcours de soins « Insuffisance cardiaque ».

    HAS, 2015. Comment organiser la sortie des patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque ? 

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    Avatar auteur, Yaël A.
    Yaël A.,Rédactrice chez Cap Retraite

    1 Commentaire

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    1. iréne dekeyzer

      explicaton très claires à la portèe de tous

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