Pertes de mémoire, difficultés d’expression, changements de comportement ou d’humeur… Votre proche rencontre des difficultés croissantes dans les activités du quotidien ? Il peut s’agir des premiers signes d’une démence, qui entraîne progressivement une perte des capacités cognitives et de l’autonomie. Un diagnostic précoce permet d’adapter la prise en charge et d’éviter une aggravation trop rapide des difficultés.
Qu’est-ce que la démence ?
La démence désigne un ensemble de troubles qui entraînent une perte progressive des fonctions cérébrales.
Il ne s’agit pas d’une pathologie unique, mais de plusieurs symptômes causés par différentes conditions affectant le cerveau. La principale cause de démence est la maladie d’Alzheimer, mais elle est loin d’être la seule.
Les facultés cognitives affectées par la démence
La démence peut toucher plusieurs facultés :
- la mémoire ;
- les capacités intellectuelles (attention, langage…) ;
- le raisonnement ;
- les aptitudes sociales et relationnelles.
La démence en chiffres en France
Près de 1,3 million de personnes sont atteintes de démence en France, d’après la Fondation Recherche Alzheimer (2023).
Les personnes malades sont essentiellement des femmes (65 %), âgées de 75 ans en moyenne.
Une maladie fréquente chez les personnes âgées, mais pas seulement
Si la démence est plus fréquente chez les personnes âgées, elle n’est pas un effet normal du vieillissement, mais bien un trouble à part entière.
Elle peut survenir à n’importe quel âge : environ 24 000 personnes de moins de 65 ans sont atteintes de démence (Santé publique France, 2022).
On parle alors de démence à début précoce, se distinguant de la démence sénile (ou démence à début tardif).
Quels sont les différents types de démence ?
Il existe de très nombreux troubles se traduisant par une démence. On les classe parfois en deux grandes catégories : primaires et secondaires.
La démence primaire – une maladie dégénérative courante
La démence est souvent un trouble cérébral primaire, c’est-à-dire qui n’a pas d’autres causes.
La maladie d’Alzheimer : principale démence
La maladie d’Alzheimer est la forme la plus courante, représentant environ deux tiers des cas (OMS, 2025).
Elle entraîne d’abord des troubles de la mémoire à court terme, une confusion croissante et des changements de personnalité. À un stade avancé, la mémoire à long terme est atteinte et les difficultés touchent aussi la marche et l’expression.
La démence vasculaire
La démence vasculaire est la deuxième forme la plus fréquente (10 à 20 % des cas). Elle résulte d’une atteinte des vaisseaux sanguins du cerveau, souvent après un AVC.
On observe un ralentissement de la pensée, des difficultés d’organisation, une concentration réduite ou encore des changements d’humeur.
La démence à corps de Lewy
La démence à corps de Lewy (DCL) touche environ 200 000 personnes en France.
Elle associe des fluctuations de l’attention, des hallucinations et des symptômes moteurs parkinsoniens (rigidité musculaire, tremblements, démarche traînante).
La démence fronto-temporale
La démence fronto-temporale (DFT) apparaît généralement entre 40 et 65 ans.
Elle se traduit surtout par des changements de comportement et de personnalité, des troubles du langage, ainsi que des difficultés motrices.
La démence mixte
La démence mixte fait référence à l’association de plusieurs mécanismes (le plus souvent la maladie d’Alzheimer et une démence vasculaire).
Le patient présente alors les symptômes caractéristiques de chaque maladie.
Les démences secondaires : des troubles cognitifs dus à d’autres affections
La démence peut aussi n’être qu’une facette d’une autre maladie.
La maladie d’Huntington
La maladie d’Huntington est une maladie neurodégénérative héréditaire rare, qui apparaît généralement entre 30 et 50 ans. Elle cause des troubles cognitifs (démence), moteurs (mouvements involontaires et irréguliers) et psychiatriques (dépression, irritabilité…).
La maladie de Parkinson
Certains patients atteints de la maladie de Parkinson à un stade avancé développent une démence. Ils connaissent alors des troubles de la mémoire, de l’attention et du langage, un ralentissement intellectuel, des hallucinations et des modifications du comportement.
La maladie de Creutzfeldt-Jakob
La maladie de Creutzfeldt-Jakob est une pathologie cérébrale rare, due à une accumulation de protéines anormales (prions). Elle entraîne une démence à progression rapide et le décès du patient en quelques mois.
Le syndrome de Korsakoff
Le syndrome de Korsakoff est une maladie due à une carence en vitamine B1, généralement causée par un abus d’alcool. Cette démence alcoolique provoque notamment de graves troubles de la mémoire (amnésies).
Quels sont les symptômes de la démence ?
Les premiers signes de démence peuvent se manifester de différentes façons :
- pertes de mémoire :
- oubli d’événements récents ;
- difficulté à retenir de nouvelles informations ;
- tendance à se répéter ;
- perte d’objets, parfois retrouvés dans des endroits inhabituels ;
- difficultés à réaliser des tâches familières :
- peiner à suivre les étapes d’une recette ou à terminer une activité ménagère ;
- avoir du mal à payer ses factures ;
- désorientation spatio-temporelle :
- se perdre dans des lieux familiers ;
- confondre la date ou l’heure de la journée ;
- troubles du langage :
- chercher ses mots ;
- employer un terme inapproprié ;
- peiner à comprendre l’écrit ou la parole ;
- altération de la pensée abstraite :
- confusion ;
- problèmes avec le calcul ;
- difficultés avec les notions de temps (avant/après) et de direction (nord/est) ;
- troubles du comportement :
- sautes d’humeur ;
- méfiance ou repli sur soi ;
- désinhibition ;
- perte d’initiative :
- négligence du ménage ou de l’hygiène ;
- isolement social ;
- besoin d’être encouragé pour participer aux activités.
Avec l’évolution de la maladie, les symptômes de la démence s’aggravent :
- troubles de la mémoire à long terme ;
- difficultés à accomplir des gestes simples (se faire un café) ;
- réduction de la communication et de l’expression ;
- troubles du sommeil ;
- hallucinations ;
- agitation, apathie ou dépression ;
- besoin croissant d’assistance pour se laver, s’habiller ou manger.
Les symptômes varient d’une maladie à l’autre, selon la partie du cerveau atteinte. Ils peuvent être très déroutants pour les aidants, qui voient leur proche changer.
Quelles sont les causes de la démence ?
La démence est causée par une dégénérescence du cerveau, c’est-à-dire la détérioration et la mort progressive des cellules nerveuses (neurones).
Le type de démence dépend des zones du cerveau touchées. Par exemple, la démence fronto-temporale atteint surtout les lobes frontal et temporal. La démence à corps de Lewy touche une partie du lobe frontal ainsi que le cortex moteur.
Dans la maladie d’Alzheimer avancée, la dégénérescence est très étendue et endommage notamment l’hippocampe, une région importante pour la mémoire et la création de nouveaux neurones.
La plupart des maladies responsables de la démence sont progressives, dégénératives et irréversibles.
Toutefois, certaines causes de perte cognitive peuvent être traitées et la démence est alors réversible :
- traumatisme crânien ;
- tumeur cérébrale ;
- infection (comme une méningite) ;
- troubles hormonaux ou métaboliques ;
- manque d’oxygène (hypoxie) ;
- abus d’alcool ou de drogues.
Quels sont les facteurs de risque de la démence ?
Il existe plusieurs facteurs de risque de la démence. Certains sont modifiables, d’autres non. Il est important de les connaître pour mieux se protéger.
Facteurs de risque non modifiables de la démence
Certains facteurs de risque de la démence ne peuvent pas être modifiés :
- âge : le risque augmente avec l’âge, surtout à partir de 65 ans ;
- antécédents familiaux : la présence d’une démence chez un membre de la famille accroît les risques. Toutefois, la génétique ne fait pas tout : certaines personnes à risque ne la développeront jamais, tandis que de nombreux patients sont les premiers de la famille à avoir une démence ;
- syndrome de Down : de nombreux adultes souffrant de trisomie 21 développent la maladie d’Alzheimer.
Facteurs de risque modifiables de la démence
Les facteurs de risque modifiables de la démence sont nombreux et largement liés au mode de vie. La commission du Lancet (2024) en énumère 14 qu’elle conseille de combattre pour éviter ou du moins retarder de nombreux cas.
Ces facteurs de risque modifiables de la démence sont les suivants :
- faible éducation ;
- hypertension ;
- perte auditive ;
- tabagisme ;
- obésité ;
- dépression ;
- sédentarité ;
- diabète ;
- traumatisme crânien ;
- abus d’alcool ;
- liens sociaux réduits ;
- exposition à la pollution atmosphérique ;
- troubles de la vision non soignés ;
- hypercholestérolémie (taux de mauvais cholestérol élevé).
Comment prévenir la démence ?
Il est possible de prévenir une importante partie des cas de démence en agissant sur les facteurs de risque modifiables.
L’adoption d’une meilleure hygiène de vie peut ainsi réduire les risques :
- multiplier les activités intellectuelles ;
- exercer une activité physique quotidienne ;
- corriger les troubles de l’audition avec des appareils auditifs adaptés ;
- se faire soigner pour les troubles de la vue, la dépression et le diabète ;
- cesser de fumer et réduire la consommation d’alcool ;
- adopter une alimentation plus équilibrée, à l’exemple du régime méditerranéen : réduire la consommation de sel, sucre et mauvaises graisses ;
- se protéger la tête lors des sports de contact et à vélo ;
- accroître ses relations sociales et éviter l’isolement, en multipliant les activités ou en s’installant dans une résidence senior adaptée.
Diagnostic : comment la démence est-elle détectée ?
Le diagnostic de la démence repose sur un bilan complet de l’état de santé et des capacités cognitives du patient.
Ce bilan comprend les éléments suivants :
- examen clinique et physique ;
- antécédents médicaux et familiaux du patient ;
- tests neurologiques pour évaluer la mémoire, l’attention et les autres facultés cognitives (notamment le MMSE ou test de Folstein) ;
- analyses de sang et d’urine ;
- examens d’imagerie (si nécessaire) : radiographies, scanner ou IRM.
Un diagnostic précoce permet de mettre en place une prise en charge adaptée le plus tôt possible.

Quels sont les traitements possibles de la démence ?
Il n’existe malheureusement pas de traitement curatif de la démence. La prise en charge inclut des approches non médicamenteuses et parfois des médicaments.
Une prise en charge adaptée pour mieux vivre avec la démence
Même si la maladie ne peut pas être guérie, un accompagnement bien adapté aide la personne à conserver ses repères et sa qualité de vie.
Les aidants, souvent des proches, portent une part importante de cet accompagnement. Leur rôle est central, mais il demande souvent beaucoup d’énergie et de disponibilité. L’intervention d’auxiliaires de vie permet de compenser la perte d’autonomie et de soulager la famille.
Bon à savoir : des associations, comme France Alzheimer, France Parkinson ou France DFT, proposent des informations et une aide aux aidants. Certaines ont des antennes locales, permettant un soutien de proximité.
En outre, des thérapies non médicamenteuses existent pour stimuler les facultés restantes ou réduire les troubles du comportement :
- musicothérapie,
- art-thérapie,
- thérapie de validation, etc.
L’aménagement du logement est également très important pour permettre au malade désorienté de se repérer ou pour pallier les symptômes moteurs lorsqu’ils existent. Bonne nouvelle : il existe des aides financières pour aménager le logement.
Lorsque la démence est très avancée et entraîne une grave perte d’autonomie, un accueil en EHPAD permet d’assurer une prise en charge globale. Elle garantit la sécurité du résident et offre un véritable relais pour les aidants. Ces établissements et leur personnel sont spécialisés dans les soins aux personnes présentant des troubles cognitifs.
Le traitement médicamenteux de la démence
Certains médicaments peuvent soulager une partie des symptômes. Le médecin les prescrit en tenant compte du type de démence et de l’état de santé général du patient.
Les principaux groupes de médicaments prescrits sont les suivants :
- Inhibiteurs de la cholinestérase : donépézil (Aricept®), rivastigmine (Exelon®) ;
- Mémantine : commercialisée notamment sous le nom d’Ebixa® ;
- Antipsychotiques (prescrits avec prudence) : rispéridone (Risperdal®), quétiapine (Xeroquel®) ;
- Antidépresseurs : sertraline (Zoloft®) ou citalopram (Seropram®)…
Questions fréquentes
Quelle est la différence entre la démence et les troubles cognitifs légers ?
Les troubles cognitifs légers peuvent avoir des causes variées et la personne reste généralement autonome. La démence, en revanche, est liée à une maladie du cerveau et entraîne une perte progressive d’autonomie.
Quelle est la différence entre la démence et le syndrome confusionnel ?
La démence est une atteinte progressive et durable des fonctions cognitives, comme la mémoire, le langage ou le raisonnement. Le syndrome confusionnel (ou confusion aiguë) apparaît soudainement (en quelques heures ou jours) et ses symptômes fluctuent dans la journée. Il est souvent déclenché par une maladie, une infection, une hospitalisation ou certains médicaments, et peut régresser si la cause est traitée.
Quelle espérance de vie avec une démence ?
L’espérance de vie varie beaucoup selon le type de démence et l’état de santé général. En moyenne, elle se situe entre 3 et 12 ans après le diagnostic.
Certaines formes évoluent plus vite (comme la maladie de Creutzfeldt-Jakob, souvent fatale en moins d’un an). D’autres peuvent durer plus longtemps (jusqu’à 20 ans pour certaines démences fronto-temporales ou la maladie de Huntington). L’âge, l’état de santé général et les complications (infections, chutes, dénutrition…) influencent fortement la durée de survie.
Comment protéger légalement une personne atteinte de démence ?
Lorsqu’une personne atteinte de démence n’est plus capable de gérer seule ses affaires, une mise sous protection juridique peut être demandée. Le juge choisit la mesure la plus adaptée au degré d’autonomie : sauvegarde de justice, curatelle ou tutelle.
Sources :
Fondation Recherche Alzheimer. 2023. Étude sur la prévalence et le vécu de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées.
Livingston, G. et coll. (2024). Dementia prevention, intervention, and care: 2024 report of the Lancet standing Commission. The Lancet, 404(10452), 572-628.
Organisation mondiale de la Santé (OMS). 2025. Démence. En ligne. Consulté le 08.09.205.
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